Je me sens démuni, j'ai l'impression de nager à contre courant, tout le temps.

Je suis vegan (depuis bientôt 7ans) et j'essaie d'avoir une vie au maximum zéro déchet (au sens large : réduction des déplacements ; économie d'énergie ; achat de saison, au vrac et bio ; passage au tout lavable ; achat de seconde main ; ...)Comme une personne au régime qui compterait les calories, moi je vérifie l'empreinte carbone de chacun de mes achats, de chacun de mes actes.Pourtant ce n'est jamais assez bien, il y a toujours un "j'aurai pu/je pourrais faire mieux" dans le coin de ma tête. Le moindre de mes écarts me rend malade. De plus je prends souvent les actions des gens qui m'entourent à mon propre compte.Et je finis par me retrouver en pleine "dissonance sociale" (si l'on peut dire) : les actions des personnes qui m'entourent, et qui vont à l'encontre de mes principes (de mes idées pour lutter pour une Vie, pour toutes les vies sur terre) me dépriment. Le moindre tondage de jardin/taillage de haie, le moindre achat irréfléchi (fast fashion, sur emballage,...), le moindre régime carné, le moindre déplacement en voiture, etc. (liste non exhaustive), me terrifie, me met en colère, me plonge dans une profonde détresse.D'où ma dissonance sociale : j'agis comme ça POUR la vie, et je me retrouve parfois à haïr la vie humaine pour ses agissements à l'encontre de l'environnement (et en particulier mes proches, parce que j'estime qu'ils sont au courant des enjeux, mais ne s'engagent pas autant, ou pas comme je l'aimerais). Ce qui me rends encore plus sans espoir, et évidemment je me flagelle d'autant plus d'avoir de telles pensées. Bref je sais qu'on ne peut pas tout porter sur ses épaules, mais bien souvent j'ai l'impression que c'est le cas. Je sais n'être qu'une goutte d'eau, qui ne sert peut-être pas à grand chose, et d'un autre côté je m'en voudrais de ne pas avoir tout tenter pour sauver ce monde. Agir et rester fixer sur mes idéaux, pouvoir rencontrer et discuter avec des personnes qui mènent le même combat, m'aide à tenir psychologiquement, et quelquefois même, m'aide à me sentir plus sereine, plus heureuse.Pour conclure, je dirais que paradoxalement : ma prise de conscience de l'urgence climatique est à la fois ce qui m'atterre et ce qui me pousse à agir.Et à l'instar de l'actrice Lucie Lucas, je trouve mon éco-anxiété saine.

Fanny

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