Je suis perplexe. Je suis honteux. Je suis dépassé.Je suis, surtout. Oui, je suis, du verbe « être » mais je suis du verbe « suivre » aussi. Et ça me rend triste, incompétent et impatient. Du moins, c’est ce que je ressens.À plusieurs reprises, je me suis dit qu’il fallait que je mette les mains dans la terre, que je remette en route ce jardin que j’avais initié lors du premier confinement dû au COVID. Et puis, dès que j’ai commencé, je me suis heurté à des pensées, LÉGITIMES, telles que : « Ah t’aimes ça maîtriser le vivant hein !? Regarde comment tu la violes « ta » terre, à lui enfoncer les griffes de ta grelinette, bien comme il faut. À lui foutre des coups de pioches dans la gueule, pour bien lui montrer qui c’est l’patron. À faucher, d’une lame acérée ou à arracher d’une bonne poigne virile toutes ces herbes « folles » qui font pourtant la joie d’insectes et par ricoché d’autres êtres vivants. « Ta » terre, dont tu te crois propriétaire alors que sans elle, t’es qu’une merde. Et encore, une merde c’est fertilisant ! T’es bien moins qu’ça à lui sommer de produire pour toi, tel un roi voulant asseoir son pouvoir sur ce qu’il estime être en dessous de lui. » Et encore ! Quel impact minime que de jardiner en agroécologie, avec paillage naturel, travail moindre et raisonné du terrain, en favorisant les associations de cultures pour aider le biotope plus que le contraindre. Sauf que voilà, ce terrain sur lequel j’avais commencé à jardiner me paraît presque plus beau sans mon intervention. Il me paraît bien plus libre sans ma présence et mon implication. Il me paraît bien plus vivant que je ne le suis moi-même… C’est dur à lire ? C’est dur à vivre, surtout. Peut-être sommes-nous les héritiers de la mort ? NON quoi ! MERDE ! Nous ne sommes pas représentant.e.s de la destruction, si !?! Putain, ça me saoule. Toujours à devoir se situer d’un côté ou de l’autre. À faire la dichotomie du bien et du mal, DE LA VIE ET DE LA MORT, du blanc ou du noir en outre. Quelle connerie putain.Oui, il y a de la colère dans tout ça. Beaucoup même. Assumée parfois, comme là. Mais il y a avant tout de l’amour, caché derrière tout ce brouillard… … Et il est bien caché le con ! Mais j’essaie de m’auto-persuader qu’il est là quand-même. Permettant de croire encore à un avenir souhaitable… Bien loin de nos actuelles réalités. Laissé pour imaginaire pour l’instant, dans l’ombre du réel un peu moins reluisant. Mais sans son ombre, Lucky Luke ne serait pas un tireur hors-pair, n’est-ce pas ?
Colère, tristesse, peur... Comment tu te sens lorsque tu penses à l’avenir ? Comment tu fais pour tenir le coup et pour aller bien ? Partage-nous ton témoignage en quelques minutes pour libérer la parole et montrer à quel point nous sommes nombreux·ses !
Je dépose mon témoignage